Témoignage de Lorette : De la peur à la puissance : « On a réussi, ensemble. »
« Ce qui me terrifiait est devenu l’un des plus beaux souvenirs de ma vie. »
Du plus loin que je me souvienne, j’ai toujours eu peur d’accoucher. Petite, je disais souvent : « Je n’aurai pas d’enfants, juste parce que j’ai trop peur de l’accouchement. »
Cette peur s’était ancrée en moi, nourrie par des récits négatifs et une société qui associe naissance à douleur, souffrance, danger.
Quand je suis tombée enceinte, j’ai eu la chance d’être accompagnée par Clara en hypnose prénatale. J’étais plutôt sceptique au début — je suis quelqu’un de très cartésien — mais je voulais essayer, pour tenter de transformer cette peur.
Et je ne regrette pas une seconde. C’était vraiment la meilleure décision.
Au fil des séances et de ma grossesse, j’ai commencé à me sentir plus calme, plus sereine… même si une nouvelle peur s’est installée peu à peu : celle de donner naissance à un « grosbébé ».
À chaque échographie, on me répétait : « Oh là là, on l’estime à 4,2 ou 4,4 kg à terme. »
Ces mots, répétés encore et encore, faisaient remonter l’angoisse.
Je voulais absolument éviter un déclenchement, alors j’ai tout essayé : toutes les astuces trouvées sur internet en tapant « comment accoucher naturellement »…
L’attente… et la pression
Deux jours avant le terme, je perds le bouchon muqueux, en plusieurs fois, sur deux jours.
Jour J : toujours rien. Je panique.
Je ressentais des contractions depuis plusieurs semaines, mon col était déjà ouvert à 2 depuis 15 jours… mais rien ne bougeait.
Et puis il y avait la pression des proches, les messages qui s’accumulent : « Alors, toujours pas accouché ? »
J’étais déjà stressée, je vivais très mal ce moment-là.
Le lendemain du terme, je consulte pour des saignements importants après un décollement des membranes. On me rassure : tout va bien.
La sage-femme me dit avec un sourire : « Le col est très favorable, allez marcher un peu, je suis sûre qu’on vous revoit cet après-midi. »
Alors je marche. Je rejoins Charles, on mange ensemble. Tout le monde est surpris de me voir encore là :
« Mais tu n’as pas accouché ? Tu as trop bonne mine pour que ce soit imminent ! »
Je ressens quelques contractions, mais comme d’habitude, elles ne s’intensifient pas.
Je retourne à l’hôpital, un peu désabusée, pour récupérer ma voiture. Et là, à dix mètres de la voiture, je ressens quelque chose… comme si je me faisais pipi dessus.
Je remonte aux urgences, un peu perdue.
Mais non, ce n’était pas la poche des eaux. Encore du bouchon muqueux et du sang.
On me pose un monito. Et là, tout s’accélère.
Les contractions deviennent régulières, intenses.
Je préviens Charles que ce n’est pas comme d’habitude. À 14h12, je lui dis de finir sa réunion. À 14h24, je lui dis que j’ai mal. À 14h32, je lui demande de venir immédiatement.
On tente une balade autour de l’hôpital. Il fait très chaud. Je m’arrête sous chaque arbre en position antalgique. Les contractions sont là, puissantes, rapprochées.
C’est comme des montagnes russes. Un moment je tiens bon, l’instant d’après j’ai envie de tout lâcher.
Mais je me sens forte. Je les passe, une par une.
On remonte aux urgences.
Le verdict : « Vous êtes à 4. Si vous le souhaitez, on part en salle de naissance. »
Je demande la péridurale, comme prévu. Et là, tout bascule.
L’anesthésiste tente, sans succès. Pendant une heure, il essaie, me pique à plusieurs reprises, alors que les contractions s’enchaînent toutes les 3 minutes.
Il finit par s’arrêter : « On fait une pause, on en a tous besoin. »
Il me dit qu’il est possible que je ne puisse pas avoir la péridurale.
Je m’effondre.
Mais Charles est là. Il me soutient, me rebooste : « On va y arriver, ensemble. »
L’anesthésiste revient avec une collègue. Elle essaie, encore… et réussit.
Quel soulagement.
Je décide de ne pas re-appuyer sur la pompe, pour pouvoir sentir les contractions, garder le contrôle.
Deux heures plus tard, je pense être à 6 ou 7… mais non. Toujours à 4-5.
Mon corps s’était mis sur pause, figé par le stress.
La sage-femme me propose de rompre la poche des eaux, puis de l’acupuncture.
J’accepte.
Je me replonge dans les audios d’hypnose de Clara, dans la pénombre, avec de la musique douce, les papouilles de mon chéri… Je retrouve mon calme.
Une heure plus tard : « Vous êtes à 8. Continuez comme ça. »
Une heure après : « Vous êtes à dilatation complète, on attend la descente du bébé. »
Je sens mon bébé descendre, contraction après contraction. Ce n’est pas indolore, mais je gère.
Je me dis : « Chaque contraction me rapproche de lui. »
La rencontre
Deux heures et demie plus tard, c’est le moment.
Le stress revient, mais je me sens prête.
Il fait une chaleur écrasante. Charles est à mes côtés, éventail à la main.
On fait une poussée d’essai.
La sage-femme me dit : « Vous poussez parfaitement, vous allez y arriver toute seule. »
Ces mots m’ont donné une force immense. Je me suis sentie puissante, capable.
Les poussées sont intenses, sportives, mais je les maîtrise.
Puis vient ce moment… la tête passe, mais pas les épaules. J’ai crié, j’ai eu mal, mais je n’avais plus le choix.
Et là… mon bébé est sorti. Oscar. Posé contre moi.
Nous avons fondu en larmes. C’était tellement fort, tellement intense.
La sage-femme me félicite, me dit que j’ai été géniale. Mais c’est surtout elle qui l’a été, dans sa bienveillance et sa guidance.
Quelques éraillures à l’extérieur, presque rien.
Oscar pèse 4,320 kg pour 54 cm. Les estimations étaient bonnes, mais tout s’est bien passé.
J’ai compris que oui, c’est vrai ce qu’on dit : « On fait les bébés qu’on peut sortir. »
Trois heures après, j’étais debout. Je me suis remise très vite, sûrement grâce à la péridurale faiblement dosée et à toute la préparation en amont.
Ce que je retiens ?
Je suis fière.
Fière de moi, de mon bébé, de mon compagnon.
On a traversé cette épreuve ensemble. Et c’est devenu le plus beau moment de notre vie.