Le témoignage de Mona :
« Mon accouchement rêvé après deux césariennes : la naissance de mon troisième enfant »
« Mon récit d’accouchement
J’ai eu la chance de vivre l’accouchement de mes rêves. Mais ce n’était pas le fruit du hasard.
Je m’appelle Mona, j’ai 35 ans, et je suis maman de trois enfants : deux filles, nées en 2019 et 2021, et un petit garçon arrivé en 2024.
Mes trois grossesses ont été un véritable cadeau. Neuf mois de bonheur à chaque fois, dans un corps qui me permettait de créer et de porter la vie. Mes bébés devaient se sentir bien dans mon ventre, car j’ai dépassé mon terme à chacune de mes grossesses.
Pour mon premier accouchement, j’étais encore naïve. Je pensais qu’une grossesse avait une date
limite, comme un yaourt. J’ai fait confiance au corps médical, et on m’a déclenchée six jours après mon terme. Mon bébé n’a pas supporté qu’on tente de le faire naître avant qu’il ne soit prêt : tout s’est terminé par une césarienne en urgence. Lui allait très bien, mais pour moi ce fut une épreuve. J’ai eu longtemps ce sentiment amer qu’on m’avait volé mon accouchement. Les larmes coulaient souvent en repensant à ce jour… Heureusement, la découverte de la maternité et les sourires d’Elina ont peu à peu pansé cette blessure.
Pour ma deuxième grossesse, j’ai voulu faire autrement. Je me suis renseignée, préparée, et j’ai obtenu le feu vert pour tenter un accouchement par voie basse. Après des kilomètres de marche, le travail a fini par se lancer, cinq jours après terme. Mais au bout de presque deux jours de contractions, alors que j’étais dilatée à 7 et que j’entrevoyais la fin, tout s’est arrêté net. Ma fille, Lune, avait la tête tournée vers les étoiles… drôle de coïncidence. Les médecins craignaient que le travail stagne sur un utérus cicatriciel : nouvelle césarienne en urgence. Cette fois, j’ai mieux accepté la situation, parce que je savais avoir tout fait pour aller au bout. J’ai compris que certaines choses ne se contrôlent pas.
En 2024, j’ai appris ma troisième grossesse. Très vite, j’ai su que trouver une maternité prête à me
suivre dans un projet de voie basse après deux césariennes serait difficile. Mais je n’ai rien lâché : j’ai envoyé des centaines de mails à des sage-femmes, maternités et hôpitaux, j’ai rejoint des forums et des groupes de mamans. Et là, j’ai découvert que c’était possible ! Des femmes avaient déjà accouché par voie basse après deux, voire trois césariennes. Leur témoignage m’a donné un immense espoir. Si elles avaient réussi, pourquoi pas moi ?
J’ai fini par trouver le seul hôpital de ma région qui acceptait ce type de projet. J’ai choisi une sage-femme en accord avec ma vision, et je me suis plongée dans des dizaines de livres sur la physiologie de l’accouchement. Dès le sixième mois, j’ai commencé des exercices pour mobiliser mon bassin, et je suis restée active jusqu’au bout.
Je me suis aussi entourée de femmes qui avaient vécu le même parcours. Leurs récits m’ont rassurée : je n’étais pas seule dans ce combat pour avoir le droit d’accoucher naturellement, malgré mes deux cicatrices. Cette fois, je connaissais mes droits, j’étais déterminée, et surtout, je faisais pleinement confiance à mon corps. J’ai beaucoup parlé à mon bébé, comme à un coéquipier : « On va le faire ensemble. Tu choisiras ta date, et moi je serai là pour t’accompagner. »
Trois jours après mon terme, les contractions ont commencé. Régulières, d’abord légères. J’étais
heureuse et prête à les accueillir : je m’étais préparée pendant neuf mois pour ce moment. Le travail a duré un peu plus de dix heures, presque entièrement vécues à la maison. Mon conjoint me soutenait, mais très vite, j’ai ressenti le besoin de m’isoler, de plonger seule dans mes contractions, une à une.
À 4h30 du matin, nous sommes arrivés à l’hôpital. J’avais mal, mais je gardais en tête mon mantra : «bouche molle = col mou ». Quand la sage-femme m’a examinée, elle a prononcé les quatre mots qui m’ont donné la force d’aller au bout : « Vous êtes à 9 ! »
Une heure plus tard, après une dernière poussée en visualisant mon col s’ouvrir, mon bébé était dans mes bras. Toute la douleur s’est envolée d’un coup, remplacée par une vague d’accomplissement, de fierté et d’amour. Mon fils allait bien. Moi aussi. J’avais réussi.
Ce troisième accouchement m’a offert bien plus qu’un bébé : il m’a réconciliée avec mes deux premières naissances. Je l’ai vécu comme une victoire, mais aussi comme une revanche.
Oui, accoucher par voie basse après deux césariennes, sans péridurale et sans déchirure, c’est possible. Et je l’ai fait.«