Témoignage de Marion

« J’ai accouché sans péri, dans l’eau, dans la joie »

J’ai 31 ans et je suis maman de 3 enfants :

  • Fantine, qui a 7 ans et demi
  • Mahault, qui a bientôt 5 ans
  • et Galaad, qui se dirige vers ses 4 mois.

Fantine – Mon premier accouchement

J’avais 24 ans et j’y suis allée vraiment en faisant totalement confiance au corps médical, en me laissant complètement guider parce que c’était la découverte.
Même si je m’étais un petit peu renseignée, j’avais lu et écouté des podcasts sur le sujet… j’étais détendue et l’accouchement ne me faisait pas peur.

La grossesse se passait bien et je n’avais pas d’intention particulière concernant mon accouchement. Je voulais juste qu’il se passe bien, d’autant plus que Fantine était un bébé en siège. Une voie basse était possible, mais il était aussi possible que cela se termine en césarienne.

J’ai perdu les eaux à la maison vers 37 SA et nous sommes partis à la maternité directement avec mon chéri. Je n’avais pas forcément de contractions tout de suite, elles sont arrivées plusieurs heures après.
Je les gérais très bien en respirant calmement et en me disant que, de toute façon, un accouchement, ça fait mal. J’attendais que la douleur très forte arrive, je m’attendais à souffrir en quelque sorte .
Puis, au bout d’un moment, j’avais mal mais sans plus, car dans ma tête j’étais toujours à me dire : « ça va être douloureux, tu vas voir ». Mais là, ça allait.

Sauf que j’avais vraiment, mais vraiment très envie d’aller à la selle… Mon conjoint décide d’appeler les sages-femmes pour leur demander si je pouvais aller aux toilettes.
Elles ont souhaité m’examiner avant (ce qui est normal). Elles savaient, elles, que si j’avais envie de faire caca, c’est que le bébé était là .
En effet, les pieds étaient entre mes jambes !

Elles m’ont emmenée en salle d’accouchement et là, je me suis vraiment laissée guider par l’équipe.
Ils étaient assez nombreux, car il y avait un risque accru de césarienne du fait que l’accouchement était en siège.
Ils ont dû me faire en urgence une rachi-anesthésie, bien que j’étais déjà à 10 et que Fantine arrivait.

Puis je me suis laissée guider par l’équipe. L’ambiance était détendue, on rigolait.
Je rigolais et je sentais à chaque soubresaut de rire les pieds de Fantine qui me tapaient sur les fesses 😆.
Je me souviens encore avoir poussé 2 ou 3 fois et elle est arrivée.

Quand elle est sortie, j’ai crié, crié de joie !
Mais le cri, tu sais, identique à celui d’un supporter de foot quand son équipe vient de marquer :
« OH PUTAIN, YEEEEES !!! »

Le match aura duré 6 h 30.

Tout le monde a ri, mais j’étais vraiment fière et trop contente que ça se soit bien passé, qu’elle soit enfin là dans nos bras.
J’avais vraiment l’impression qu’on avait réussi tous ensemble, comme une équipe.
Cet accouchement, c’était notre victoire 🏆.


Mahault – Mon deuxième accouchement – accouchement difficile

Pour Mahault, ma 2ᵉ, c’était totalement différent.
Déjà, nous étions en pleine période Covid. Gros stress pour tout le monde.
On ne savait pas si les papas seraient présents ou non. Le port du masque était obligatoire…
et quand on est enceinte et essoufflée comme un bœuf à chaque pas, ce n’est franchement pas l’idéal.

Malgré ça, j’ai eu une grossesse sans souci, douce, et j’étais dans une projection de l’accouchement complètement différente que la 1ʳᵉ fois.
Déjà, ce n’était plus l’inconnu, et en plus de ça je n’avais pas eu très mal la première fois.
J’avais géré jusqu’à 10 sans péridurale ! Je me sentais superwoman 💪 !

Je savais exactement ce que je voulais maintenant.
Je n’avais qu’une seule envie : accoucher sans péri.
Je ne me projetais que là-dedans, il n’y avait pas moyen que ça se passe autrement.

Donc j’ai fait tout ce que je pouvais pour m’y préparer :
yoga prénatal, lecture, podcast, travail de la respiration…
J’avais tout prévu, même un projet de naissance d’une dizaine de pages.

Mais s’il y a bien quelque chose que je n’avais pas en tête,
c’est qu’on ne peut pas TOUT prévoir.


Comme pour Fantine, j’ai perdu les eaux pour Mahault aussi, à 40 SA.
Sauf que là, tout est allé très vite : les contractions sont arrivées avec intensité quasi immédiatement.

Après avoir déposé Fantine chez sa mamie, nous sommes partis directement à la maternité.
Port du masque obligatoire (ça non plus, je n’avais pas anticipé que j’allais devoir respirer dans le masque tout le long…).

On nous installe en chambre, la pièce est toute petite.
J’éteins la lumière et je commence à bouger mon bassin.
Dès que l’équipe rentre, ils rallument la grande lumière.
(Créer une ambiance cocooning et chaleureuse : échec.)

Je demande un ballon mais je me rends vite compte qu’il n’y a pas du tout la place pour me mobiliser.
Dès que quelqu’un rentre, la porte cogne dans le ballon, ce qui m’envoie des décharges dans tout le corps.
(Se mobiliser pour aider bébé à descendre : encore un échec.)

Je commence à avoir mal, je n’arrive plus à me mettre dans ma bulle.
Le personnel est assez nerveux (manque d’effectif, Covid oblige…).

N’arrivant plus à gérer la douleur, je demande la péridurale…
Je le vis très mal, comme un échec.
Et l’infirmière anesthésiste présente ne va pas m’aider à aller mieux.

Elle demande à faire sortir mon conjoint et n’ira jamais le rechercher…
Elle se montre impatiente, tape du pied quand je tarde à répondre.
Elle souffle quand je demande qu’elle me prépare la péri entre deux contractions.
Puis elle finit par faire ses soins sans attendre mon accord tout en me disant que :

« c’est vraiment dommage de demander la péridurale à 7 alors que vous avez réussi à faire sans pour votre premier accouchement… »

La péridurale est posée mais j’ai toujours très mal.
Je me mets à vomir, dans mon masque bien évidemment…
Je me sens partir.

Je dis à mon conjoint :

« Je suis en train de mourir, s’il vous plaît, sortez le bébé. »

Je ne me souviens plus de la suite.
J’ai été traumatisée par cet accouchement.
Jusqu’à peu, j’étais incapable de dire l’heure de naissance de ma 2ᵉ fille. J’ai fait un black-out total.

Malgré ça, je savais que je voudrais un 3ᵉ bébé.
Un bébé pour réparer mon corps et ma maternité…

Galaad – Mon troisième accouchement– Un accouchement connectésauvageanimalrespecténaturelsans médicalisation.

Pour ce 3ᵉ accouchement, j’étais dans une autre dynamique, une autre énergie.
Je me suis dit :

« OK, peut-être que la 1ʳᵉ fois ça s’est super bien passé et que la 2ᵉ fois ça a été aussi chaotique parce que je m’étais trop fermée au champ des possibles. Je n’étais pas dans un esprit d’ouverture et d’acceptation. Quand il y a eu des aléas, j’avais du mal à les accepter. »

Donc là, je me suis dit :

« OK Marion, l’accouchement peut bien se passer et on va essayer de faire en sorte qu’il se passe mieux. Il y a plein de choses que tu ne maîtrises pas et donc on ne peut pas savoir comment ça va réellement se passer. »


Je me suis vraiment mise dans un contexte d’acceptation et d’ouverture.
Dans l’idéal, j’aimerais accoucher sans péri et de manière la plus physiologique et naturelle possible, sans intervention médicale.
Mais si ce n’est pas le cas, si j’ai besoin d’aide ou si à ce moment je ne le sens pas, ce n’est pas grave : ça se passera comme ça se passera, et ça ne sera pas un échec.
Parce que vraiment, le 2ᵉ accouchement, je l’ai vécu comme un échec.


Donc pour ce 3ᵉ accouchement :
pas de préparation marathon à écouter podcasts et vidéos d’accouchement physio à tout-va.
Pas de pression de « performance ».

J’ai fait une préparation classique avec ma sage-femme, un peu de cours en piscine,
j’ai continué le yoga que je faisais (jusqu’à deux jours avant le jour J, je faisais encore le chien tête en bas 😄).

J’ai innové en testant un cours de chant prénatal (que j’ai adoré d’ailleurs).
J’ai lu les BD incroyables de Lucile Gomez Les super pouvoirs de la naissance
et, surtout, je me suis détendue mentalement et physiquement
(pour ça, les exercices de massage du périnée sont très bien pour détendre les muscles).


J’ai fait des activités qui me plaisaient comme le dessin,
et en m’inspirant des BD, j’ai dessiné mes propres petites cartes de visualisation positive pour le jour J.
C’était méditatif.


🌿 Le jour J

Vers 38 SA, tout était prêt pour l’arrivée de bébé, sauf ces fameuses cartes que je n’avais pas finies.
Un matin, après avoir passé une excellente nuit (ce qui était loin d’être le cas les nuits précédentes),
j’ai décidé de terminer ces petites cartes que je pourrais glisser dans ma valise.
Je me suis installée sur mon ballon et j’ai dessiné une bonne partie de la matinée.

Une fois tous les dessins terminés, je me dis :

« Tiens, c’est étonnant, mon ventre commence à contracter un petit peu. »

Ça se durcit mais je ne m’inquiète pas : je n’ai pas encore eu de petites contractions jusqu’à présent et je suis quand même à 38 SA.
C’est OK, je sais que le travail peut se mettre en place tranquillement, petit à petit.
Je décide quand même de noter l’heure dès qu’une contraction arrive et je sens qu’elles sont de plus en plus fréquentes,
mais elles ne m’empêchent pas de continuer mes activités.
Je suis bien, sereine et détendue.


L’après-midi passe dans la même mouvance.
J’ai des contractions toutes les 10 minutes, puis toutes les 6-7 minutes en allant chercher les filles à l’école.

Fin d’année scolaire : j’avais rendez-vous avec la maîtresse pour faire le point sur l’année de ma 2ᵉ.
Ça commençait à travailler un peu plus. Je préviens la maîtresse que si je ne réponds pas du tac au tac,
c’est que je me concentre sur ma respiration parce que les contractions s’intensifiaient légèrement.


Au retour du travail de mon chéri, je le préviens et lui propose qu’après le repas nous déposions les filles chez sa maman

« au cas où… »

Les contractions deviennent de plus en plus rapprochées (5 minutes).
Je souffle, je danse et je surfe sur chaque contraction avec le sourire.


🚗 En route pour la maternité

Après le repas, nous décidons de partir à la maternité.
Dans la voiture, je demande à mon chéri de mettre une playlist qui bouge.
Je chante et à chaque nouvelle contraction, j’inspire longuement et j’expire le plus longtemps possible.
Je danse avec mes bras (faute de pouvoir faire plus dans la voiture 😄).

Arrivée à la maternité, je continue à rentrer de plus en plus dans ma bulle.
Je me fiche du regard des autres et je me mets à danser, les yeux fermés, tout en respirant et surfant sur chaque nouvelle vague.

Dans le bureau d’accueil, l’auxiliaire de puériculture me regarde, elle sourit, m’encourage et me dit que je gère bien.
Je laisse Olivier gérer la paperasse, je reste dans ma bulle, je ne veux pas en sortir.


🛁 L’accouchement

On m’installe directement en salle d’accouchement car je suis déjà bien ouverte.
Je leur demande si je peux accrocher mon écharpe de portage pour me suspendre et soulager mes douleurs.
Mon chéri change la musique pour quelque chose de plus doux et méditatif car il sent que ça s’intensifie.

Je me balance, mon chéri m’enlace, souffle en rythme et danse avec moi.
Nous sommes dans notre bulle.

La sage-femme me propose de prendre un bain.
Quelle aubaine ! Je n’ai jamais pu le faire pour les précédents accouchements du fait que j’avais perdu les eaux.
Je sais que ça va me faire du bien.


J’entre dans la baignoire, la lumière est tamisée, il fait beau, la musique au piano de notre playlist nous accompagne.
Dans la baignoire, je m’installe accroupie et je fais des mouvements de va-et-vient car je sens que ça me soulage
et qu’ainsi je facilite la descente.

Mon conjoint pose sa main dans le bas de mon dos et m’accompagne dans mes mouvements.
La chaleur de sa main au-dessus de mon sacrum me fait un bien fou.


J’inspire, j’expire, encore et toujours, je visualise le chemin de mon bébé.
Ma respiration change, je vocalise, des « aaaah » mélodieux et quasi mystiques sortent du plus profond de mon corps.
Les sons que mon corps produit sont beaux, harmonieux, et pourtant je suis vraiment une piètre chanteuse.
Mais là, c’est beau. Je ne suis plus vraiment là, à moitié ailleurs.

La douleur est présente mais je ne veux pas me cristalliser dedans.
Alors je m’interdis de serrer les dents et je me répète sans cesse :

« bouche molle, corps mou »


Nous sommes seuls avec mon chéri, dans notre bulle.
Je sens que bébé arrive.
Mes sons changent, les « aaah » deviennent plus puissants, plus sauvages (et beaucoup moins mélodieux !)

J’appelle la sage-femme pour savoir si je peux pousser.
Elle est embêtée et préfère que je sorte du bain pour effectuer un monitoring de contrôle.
Pour moi, c’est impossible : bébé arrive, je le sens.

Entre deux contractions, je réussis à me hisser hors de la baignoire.
Et là, sploch, ma poche se rompt.
Tout s’enchaîne, bébé arrive.


On me demande de m’asseoir sur la chaise roulante pour rejoindre la salle d’accouchement mais c’est impossible :
je ne peux pas l’écraser 😅.

Je grimpe à genoux sur la chaise, les mains sur les poignées et les fesses en l’air… et à l’air 😅
Je traverse les couloirs en criant, en libérant la femme sauvage qui est en moi.


 L’arrivée de Galaad

Arrivée en chambre, je n’ai pas le temps de descendre du fauteuil que bébé sort !
Mon conjoint, ému, me dit que notre bébé est là, que je peux

« arrêter de crier »
mais j’ai encore mal, moi 😅.

À peine quelques secondes après, je récupère mon bébé entre mes jambes
et je marche jusqu’au lit où je m’allonge, mon nouveau-né dans les bras.
Le papa et moi nous nous regardons, nous pleurons, encore dans le flou de ce qu’il vient de se passer.


🧡 C’était mon accouchement rêvé.

Un accouchement connectésauvageanimalrespecténaturelsans médicalisation.
Un accouchement dans lequel je me suis sentie forte, libre et en puissance.
Une renaissance pour moi.